de parvenir à identif ier, à scinder et à purif ier
les différentes molécules d’intérêt, d’abord en
laboratoire, puis à l’échelle industrielle. »
Créer un réseau logistique, s’affranchir
des variations saisonnières
Après avoir fractionné les molécules
comportant des propriétés actives
intéressantes, il s’agira de qualif ier chacune
d’entre elles en ce qui concerne la réponse
agronomique ou zootechnique. Cette étape
nécessitera des essais qui mobiliseront
l’expertise et l’expérience du CMI. S’agissant
du volet industriel, deux enjeux principaux
se détachent. La matière biologique des
étoiles de mer se dégradant en quelques
heures, un réseau logistique eff icace sera à
imaginer avec les professionnels de la pêche.
« Par ailleurs, nous allons devoir déterminer
si la saisonnalité peut avoir un impact sur les
molécules d’intérêt. L’idéal serait de pouvoir
prioriser celles dont les qualités restent
constantes tout au long de l’année »
,
précise Jordan Valente. Munis de cette feuille
de route, les partenaires engagés dans
les deux projets ont devant eux quatre années
de travail pour démontrer la viabilité d’une
approche circulaire appliquée à la valorisation
d’une ressource maritime durable.
Que ce soit en nutrition végétale, animale ou des
sols, notre Centre Mondial de l’Innovation Roullier
(CMI Roullier) œuvre chaque année à lancer et à intégrer
des projets conjuguant investigation scientif ique,
innovation technique et exploitation de ressources
locales. Le dernier en date concerne les étoiles
de mer de la côte bretonne. Éclairage.
Le déf i de l’extraction et du
fractionnement des molécules d’intérêt
Prolongeant l’initiative de la station marine
de Concarneau, deux projets sont désormais
prêts à démarrer. Le premier, animé par
le Centre Mondial de l’Innovation (CMI) Roullier
et bénéf iciant du soutien des Régions Bretagne
et Normandie, s’appelle Filasterid.
« Il vise
à développer des solutions innovantes en
matière de nutrition végétale et animale, par
exemple sous forme de compléments minéraux
pour enrichir les rations alimentaires ou de
biostimulants pour les plantes, ainsi que dans
le domaine des biomatériaux »
, explique Jordan
Valente, Responsable Performance Innovation
au sein du CMI. Le second projet, qui bénéf icie
du soutien de l’Agence nationale de la
recherche (ANR), porte sur des applications
spécif iques relatives à la santé animale, végétale
et humaine. Il mobilise différentes structures,
parmi lesquelles le MNHN, le Groupe Roullier
ainsi que plusieurs laboratoires de recherche
du Grand Ouest. Commun aux deux projets,
le grand déf i concerne l’extraction des phases
minérales et organiques, et leur fractionnement.
« Le succès de notre approche dépend pour
partie de notre capacité à valoriser à 100 %
les étoiles de mer
, indique Thomas Georgelin,
Directeur Général du CMI.
D’où l’importance
Que faire des étoiles de mer ? Cette espèce
invasive, surreprésentée sur les côtes
bretonnes, contribue à déstabiliser
les écosystèmes. Sa présence perturbe aussi
l’activité des pêcheurs – qui ont l’obligation
de détruire les étoiles de mer ramassées par
accident – et des conchyliculteurs.
La station marine de Concarneau s’est donc
demandé si les prédatrices pourraient être
transformées en un produit à haute valeur
ajoutée. Car, dans leur partie organique
et leur squelette calcaire, les étoiles de mer
contiennent une grande diversité d’éléments
et de molécules potentiellement valorisables
en santé humaine, animale, végétale,
ou encore en biomatériaux. Avant d’envisager
la création d’une f ilière dédiée, il a fallu
s’assurer de sa pérennité. Aidée des
professionnels de la pêche, l’antenne du
Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN)
de Concarneau s’est attachée à évaluer
les stocks dans les baies de Concarneau
et de Douarnenez. Plus de 1 500 tonnes
d’étoiles de mer adultes ont été relevées
entre 2021 et 2023. Des quantités qui,
extrapolées à l’échelle du littoral français,
ont été considérées comme suff isantes pour
poursuivre la démarche.
À la recherche
de débouchés pour
valoriser les étoiles
de mer
Près de
500 tonnes
C’est l’estimation de la masse
d’étoiles de mer issues chaque
année de la pêche « accidentelle »
uniquement en Cornouaille.
Une dynamique
de durabilité
L’une des f inalités des projets initiés
autour des étoiles de mer est de
diminuer la population jusqu’à
un niveau contribuant à sécuriser
l’activité des professionnels de
la pêche. Pour éviter d’aller trop
loin, des quotas de prélèvement
pourraient être mis en place af in
de contribuer à la pérennité de la
f ilière industrielle. À ce jour, la mise
en œuvre d’une activité d’extraction
spécif ique ne fait pas partie
des options sur la table. Seules
les étoiles de mer pêchées par
accident devraient être valorisées.
LEVIER 1 – CHOIX DES RESSOURCES – DÉCRYPTAGE
Déclaration de Performance Extra-Financière 2024 16